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Bulletin MANAVUE

Juin 2017
PLM et l'Internet des objets : d'heureuses fiançailles

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L’Internet des objets (ou en anglais, Internet of Objects, soit IoT) fait partie intégrante de ce que l’on appelle aujourd’hui Industrie 4.0, soit la 4ème révolution industrielle. IoT et Industrie 4.0 se caractérisent par la mise en marché de «produits intelligents», ou Smart Products, de même que la conversion des usines en «usines intelligentes» ou Smart Factories. Mais l’apparition de ces technologies dans l’environnement industriel, et l’importance grandissante qu’elles y prennent, s’accompagnent d’une évolution marquée et incontournable des systèmes PLM (Product Lifecycle Management). En effet, les systèmes PLM sont appelés aujourd’hui à intégrer l’IoT dans les fonctionnalités qu’ils offrent, permettant de mieux en tirer bénéfice. C’est ce dont nous traiterons dans ce bulletin.

Mais d’abord, précisons ce que l’on entend par «produits intelligents», ou par «produits intelligents connectés», puisque c’est plutôt de ça dont il est question. Il s’agit en fait de produits constitués non seulement de leur quincaillerie de base, c.-à-d., celle destinée à leur raison d’être première, mais également de senseurs et de microprocesseurs, de même que d’applications logicielles intégrées. Il s’en suit que les fonctionnalités des produits intelligents résident de plus en plus dans leurs composantes informatiques et logicielles (jusqu’à une certaine limite, bien entendu). Ils  peuvent ainsi être plus facilement personnalisés en fonction des préférences des différents clients, donnant beaucoup de flexibilité au processus de conception. De plus, ces composantes rajoutées (senseurs, microprocesseurs, logiciels, etc.) permettent de réagir aux conditions d’opération (l’environnement), de collecter des données, de surveiller le fonctionnement des produits, et même de le contrôler selon certains paramètres. Mais plus encore, parce que connectés via l’Internet et une infrastructure de support, les produits intelligents transmettent – et reçoivent – de l’information.

Ces produits intelligents se retrouvent aujourd’hui dans de multiples contextes : autant dans les produits de consommation – on peut penser aux téléphones, aux frigidaires, aux télévisions, aux autos, et j’en passe – que dans les équipements ou la machinerie industrielle. Et justement, les «usines intelligentes» sont celles constituées d’équipements de production qui sont eux-mêmes des produits intelligents connectés. Dans une usine intelligente, les équipements de production sont donc connectés, entre eux et à une infrastructure centrale, réagissent à l’environnement et s’adaptent aux conditions d’opération (les moins jeunes d’entre nous diraient que c’est ce qui se rapproche le plus d’un certain rêve caressé dans les années 80, soit celui du CIM, ou Computer Integrated Manufacturing…).

Réseau Internet

Et le PLM?
Depuis que les systèmes PLM (Product Lifecycle Management) ont pris la relève des systèmes PDM (Product Data Management), l’objectif, ambitieux, que l’on vise avec eux est d’être en mesure de gérer les données du produit tout au long de son cycle de vie, c.-à-d., de sa naissance (par exemple, lors de la préparation des spécifications ou du cahier de charges) jusqu’à sa mise au rebut ou son recyclage, en passant, bien sûr, par sa conception détaillée (modèle CAO, BOM, etc.).

Si les données du produit sont facilement accessibles lorsqu’il est en phase de conception, elles le sont moins lorsque la production débute. En effet, les données provenant de la chaîne d’approvisionnement ne sont pas prioritairement communiquées au PLM, alors qu’elles alimentent surtout le système ERP de l’entreprise. Pour que le PLM les reçoive, il devient essentiel de créer des ponts entre lui et le ERP (sans oublier bien sûr les ponts, pas toujours faciles à ériger, qui sont requis entre les départements d’ingénierie et de production…).

La situation se complique encore plus dès que le produit est vendu ou livré : pour que le PLM joue pleinement son rôle, il faut que les données générées lors de l’utilisation, l’entretien et la mise à niveau d’un produit lui reviennent (ce qui permet ainsi à l’ingénierie de suivre l’évolution du produit et de mieux comprendre quelles améliorations pourraient lui être apportées). Mais pour ainsi fermer la boucle, cela requiert un relevé continu de ces données, à réaliser chez le client même, de façon largement manuelle, ce qui risque d’être et compliqué et coûteux à mettre en place (et irréaliste lorsqu’il s’agit de produits de consommation). Souvent alors la boucle reste «ouverte», et on assiste alors  à ce qu’on appelle le «Ship and Pray» ou encore le «Fire and Forget» : les produits sont livrés chez le client, et on espère que le téléphone ne sonnera pas trop souvent pour signaler des problèmes de performance ou d’usure…

Mais avec l’Iot, les produits intelligents et les usines intelligentes, la situation change : parce que les produits sont connectés, la boucle peut se fermer, et cela donne une visibilité quasi-complète sur le produit tout au long de son cycle de vie. Autant les données de fabrication, que celles générées par l’utilisation du produit, son entretien ou sa mise à niveau, peuvent maintenant être beaucoup plus facilement rapportées au PLM (et dans un mode bidirectionnel). Le «L», pour «Lifecycle», du PLM se mérite alors largement sa place, et le PLM peut enfin jouer son rôle pleinement.

Fabrication intelligente et connectée
Dans les usines intelligentes, les machines de production (qu’elles soient celles de l’entreprise ou de ses fournisseurs) sont connectées entre elles et avec les autres ressources de l’organisation. Cela, de même que la nature même «intelligente» des machines, permet l’optimisation de la fabrication en temps réel.

En effet, avec des machines intelligentes dont le fonctionnement, voire les caractéristiques, sont  de plus en plus gérés par logiciel, les besoins de configuration et mise en place physiques (set-up) sont considérablement diminués, et peuvent alors être comblés en bonne partie par logiciel. Les données de produit contenues dans le PLM servent d’intrants aux machines : leur configuration est beaucoup plus flexible, permettant par exemple la production de lots plus petits, tous différenciés.


                                                                                            



 

De plus, les machines intelligentes auto-optimisent leur fonctionnement, et conséquemment, la consommation des ressources (matérielles, électriques, etc.). Bien sûr, la transmission des données de produit à partir du PLM se fait dans un format 3D, éliminant le besoin de dessins 2D.

À l’inverse, les données issues des chaînes de production et d’approvisionnement, lorsque rapportées au PLM dans un environnement d’usine intelligente, fournissent aux concepteurs et planificateurs les informations nécessaires pour leur permettre de prendre des décisions éclairées. C’est le cas par exemple lorsqu’il est question de planifier des séquences de production et d’assemblage (par exemple, les méthodes de fabrication), ou encore lorsque vient le temps d’adopter une stratégie quand un changement surgit (et qu’il faut alors analyser l’impact du changement tout au long de la chaîne d’approvisionnement).

Pour toutes ces raisons, il est à prévoir que l’implantation de l’IoT risque, si mal planifiée, de raviver la (légendaire) rivalité entre le PLM et le ERP. Mais elle va surtout faciliter ce que tant de manufacturiers souhaitent depuis si longtemps : l’intégration (transparente?) entre ces deux systèmes (pour qu’enfin, on ne soit plus torturé par l’éternelle question : qui est le maître du BOM? Le PLM ou le ERP?).

Utilisation intelligente et connectée
L’impact de l’IoT est particulièrement marqué dès lors que le produit a été vendu et livré, et qu’il est en utilisation chez le client. Et c’est à ce niveau que le couple PLM-IoT fournit les opportunités les plus originales et les plus intéressantes, alors que le PLM est nourri de données générées et récoltées «in-situ», entre les mains de l’utilisateur pour lequel le produit a été conçu.

Parce que le produit est intelligent et connecté, il est possible d’en surveiller l’opération et d’en mesurer la performance à distance. Le manufacturier peut aussi observer si le produit est utilisé adéquatement et dans les conditions pour lesquelles il a été conçu, ou encore quelles sont les préférences montrées par les clients dans son utilisation.

Ces données sur l’utilisation réelle du produit, que l’on peut désigner comme les données «tel-qu’utilisé», viennent se rajouter à celles «tel-que-spécifié», «tel-que-conçu», «tel-que-fabriqué», et autres données générées tout au long du cycle de vie.

Lorsque ces données «tel-qu’utilisé» sont collectées, traitées et rapportées au PLM (en tout ou en partie), elles constituent un intrant des plus précieux lorsque vient le temps de planifier l’amélioration du produit, et donc de revoir les spécifications pour le développement d’une nouvelle version (qui se fait alors en incorporant les requis suggérés par les données collectées).

Bien sûr, dans un contexte de développement de produit «agile», où l’on cherche à accélérer le processus en soumettant le concept et ses prototypes à des simulations répétées et à des évaluations fréquentes et systématiques par les utilisateurs visés, l’IoT sera mis à profit dès les spécifications et la conception des premières versions d’un produit.

Mais les bénéfices de l’IoT pour un produit déjà livré ne s’arrêtent pas là. Parce que de plus en plus de fonctionnalités sont remplies par des fonctions logicielles, il est possible pour un utilisateur d’un produit de «commander» à son manufacturier des options additionnelles (du moins, certaines d’entre elles), ou des capacités supérieures. Plus besoin de toujours devoir désinstaller et retourner le produit pour l’échanger ou lui rajouter des composantes : les modifications demandées peuvent, idéalement, être téléchargées dans le produit. Et lorsque gérés par le PLM, qui assure (en principe…) la traçabilité de  ce qui a été livré aux clients, ces téléchargements se font en tenant compte de la configuration exacte des produits qui les reçoivent (quoique réelle et existante par elle-même, cette approche n’est pas sans rappeler la tendance observée vers la dématérialisation des produits, offerts de plus en plus sous forme de services; mais ceci pourra faire le sujet d’un autre bulletin).

Service  intelligent et connecté (maintenance et mise à niveau)
Dans le prolongement du suivi à distance de l’utilisation du produit, vient se rajouter le suivi de sa condition, son usure, et ce en vue d’en faciliter la maintenance préventive.

Si les données ainsi récoltées vont surtout servir aux logiciels de maintenance, elles s’avèrent tout aussi précieuses pour le PLM. En effet, elles fournissent au manufacturier des informations importantes au sujet de la durabilité du produit et de la façon dont l’usure se produit,  informations qui sont alors prises en compte en amont, dans la conception. Elles peuvent également être utilisées pour définir des programmes de garantie optimisés, couvrant par exemple les pièces les plus à risque et pouvant même être adaptés en fonction du contexte particulier des différents clients.

Et parce que de plus en plus de fonctionnalités sont remplies par des fonctions logicielles, il est possible de télécharger des correctifs au produit dès lors qu’une faiblesse ou une source de défaillance est identifiée, réduisant ainsi les risques de bris. Également, lorsque des nouvelles versions sont disponibles, la mise-à-niveau des composantes logicielles se fait à distance. Là encore, le PLM est appelé à jouer son rôle, gérant les téléchargements et gardant trace des configurations «tel-qu’entretenu» des produits.

Il y aussi une autre avenue, susceptible de se développer dans un avenir rapproché : l’application de la réalité augmentée dans un contexte de service et d’entretien (les données transmises par le PLM, comme les modèles CAO et les BOM, venant par exemple se superposer aux images d’un produit réel, afin d’en faciliter l’entretien). Mais il s’agit là d’un sujet qui mériterait un bulletin à lui tout seul…

L'IoT en chiffres



 




 

Quels impacts commerciaux et opérationnels pour les manufacturiers de produits?
Si l’intégration de l’IoT avec le PLM procure donc des avantages techniques importants aux manufacturiers, elle crée aussi des opportunités innovatrices autant au niveau commercial qu’opérationnel.

Ainsi, parce que la mise à niveau des produits peut se faire, dans une certaine mesure, par logiciel et à distance, cela a pour conséquence de raccourcir les délais de mise en marché (Time to Market), puisque les premières versions livrées peuvent ne pas offrir tout de suite l’ensemble des fonctionnalités planifiées (le reste pouvant être «téléchargé» plus tard, lorsque prêt).

Aussi, les besoins en personnel et en infrastructure pour offrir du service après-vente «in-situ» sont réduits, puisque une large part de la surveillance des produits et de leur maintenance se fait dorénavant à distance.

L’IoT ouvre ainsi grand la porte au rajout d’un bouquet de nouveaux services, offerts pour la plupart à distance. Avec ces nouveaux services offerts, l’interaction du client avec le manufacturier du produit est augmentée, et l’expérience client en est bonifiée. Il en résulte alors une rétention plus forte et une plus grande fidélité de la clientèle.

Mais toutes ces opportunités ne se développeront pas sans que des investissements importants y soient consentis. En effet, l’IoT, et son intégration avec le PLM, signifient qu’un grand volume de données est à traiter et gérer (sinon, elles ne servent à rien…), augmentant bien sûr les coûts d’infrastructure informatique en conséquence. Cela force aussi les manufacturiers à uniformiser leurs procédures d’analyse des données, de diagnostic et de service au travers de l’ensemble des produits fabriqués, et au sein des différents départements de l’organisation. Cela soulève aussi l’enjeu, crucial, de la sécurité, alors que tous les objets connectés deviennent des portes d’entrée potentielles dans les réseaux informatiques des manufacturiers et de leurs clients.

Il y a également les enjeux éthiques, puisque forte sera la tentation pour les manufacturiers d’abuser du profilage de la clientèle que les objets connectés permettent. Déjà aujourd’hui, les craintes que suscite la collecte de données personnelles, dès lors que l’on navigue sur la toile, se font entendre haut et fort. Les manufacturiers, et sans doute le législateur aussi, devront tenir compte de ces craintes là quand viendra le temps de propager à grande échelle la diffusion d’objets connectés.

Pour toutes ces raisons, cela va amener les entreprises à repenser leurs modèles d'affaires existants et en créer de nouveaux, de sorte à tirer un bénéfice économique réel de ces nouvelles opportunités et donc à les traduire en opérations commerciales rentables, sécuritaires et éthiquement acceptables.

Et les impacts sur les systèmes PLM et leurs fournisseurs?

L’intégration de l’IoT avec les systèmes PLM soulève de nombreux défis à ceux qui les conçoivent et les fournissent. En tout premier lieu, il faut souligner que le monde de l’IoT n’en est qu’à ses débuts, et qu’il est, pour cette raison, très peu (voire pas du tout) normalisé. Il n’y a pas encore de standards universels en place (par exemple du type «Open Standards»), pas de langage commun  que parlent les objets intelligents. On est en présence de plateformes IoT encore largement propriétaires, sans interopérabilité entre elles. On peut alors facilement imaginer la difficulté de toutes les intégrer dans un système PLM.

Les fournisseurs de systèmes PLM sont aussi appelés à développer de nouvelles applications et de nouvelles interfaces usager en vue de mettre à profit l’IoT. Et ces nouvelles applications doivent s’appuyer sur de puissants algorithmes, capables de traiter de très grandes quantités de données, récoltées souvent en temps réel (cela dit, la part de l’analyse de ces données qui sera exécutée par les systèmes d’IoT par rapport à celle qui le sera par les PLM reste à définir).

Bien entendu, l’enjeu de la sécurité, évoqué plus haut, en est un sur lequel les fournisseurs de PLM doivent consacrer une attention particulière. Les systèmes doivent être dotés de protocoles de sécurité répondant aux plus hauts standards à cet égard.

Enfin, parce qu’il facilite la mise en commun de données servant à différentes fonctions de l’entreprise, l’IoT va permettre de clarifier, voire même redéfinir, le rôle respectif des différents systèmes qui y sont utilisés, à savoir : le PLM lui-même, le ERP, le CRM et le logiciel de maintenance, pour ne nommer que ceux là. Quel que soit le résultat de cette redéfinition, il est certain que l’IoT favorisera l’intégration de ces différents systèmes.

Aujourd’hui fiancé, le couple PLM et IoT s’est promis fidélité et complicité. Et tous les défis que pose cette nouvelle union font déjà l’objet des préoccupations des principaux fournisseurs des systèmes PLM. Autant Dassault que PTC, SAP, Siemens et d’autres ont entrepris des initiatives importantes pour intégrer l’IoT dans leur offre PLM. À leurs clients, les manufacturiers des produits intelligents, de se préparer dès maintenant pour savoir comment en profiter le temps venu, lorsque le mariage du couple sera bel et bien célébré et consommé.


L'IoT en humour

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Pour en savoir plus sur ce sujet: contactez nous (514-279-2744 ou rzalat@manavue.ca); nous vous parlerons aussi de notre séminaire sur la sélection et l'implantation d'un système PLM!





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